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Confinement 2020 à Sainte-Hélène

Nous décidons de partir du Cap (Afrique du Sud) vers l'île de Sainte-Hélène fin mars. Nous verrons de nombreux souffles de baleines à la sortie du Cap. Pendant les 14 jours de navigation, nous nous sommes bien occupés entre les petits bricolages, la pêche, la cuisine ou encore le nettoyage.


JP étudie plusieurs solutions pour la suite du voyage car les conditions sanitaires se dégradent dans le monde : il nous est imposé 14 jours de quarantaine à bord du bateau à l'arrivée à Ste Hélène et sans rentrer en contact avec quiconque, hormis le Harbour Master, dur dur... Heureusement, ce dernier est très gentil, il nous prend les courses et remplit les bidons d'eau. Nous nous faisons livrer la nourriture après avoir passé commande par mail, merci l'Iridium !


On s'occupe comme on peut : réparation, nettoyage, cuisine, baignade, lecture, et beaucoup de lecture !!. JP monte trois fois au mât pour tenter la remise en ordre d'une bastaque, ça oui fait, et d'une barre de flèche, ça non pas fait, il faudra remonter par moins de houle car compliqué en tête de mât.. Nous avons des nouvelles des enfants par l'Iridium qui sont confinés, eux, en Normandie. Notre fils Louis les a rejoints car il est revenu du Canada pour cause de fermeture de sa résidence universitaire... Tous les soirs, nous faisons un jeu de société, Rummikub, puis nous regardons un film, ce que nous n'avions jamais fait depuis notre départ ou exceptionnellement.


Le quinzième jour nous voyons enfin arriver le "ferryboat" à la fin de notre quatorzaine, il fait la liaison avec le quai de l'île. Débarquer avec l'annexe est impossible à cause de la houle, alors ce système de navette a été mis en place par les Saints (nom des habitants de Sainte Hélène). L'aller-retour coûte 2 livres par personne mais tant pis, nous sommes si contents de pouvoir aller à terre. Nous passons par les douanes et l'immigration, pas de problème à signaler. Nous allons au lieu de RDV des navigants, le "Consulate Hôtel", où nous achetons très cher, enfin, un accès à Internet. Nous faisons connaissance avec un français en couple avec une thaïlandaise et nous retrouvons un bateau rencontré en Polynésie française aux Gambiers. Le lendemain, nous allons au marché sur les hauteurs de l'île où nous faisons un réassort de fruits et légumes, mais nous ne trouvons pas d’œufs !! Nous faisons une belle balade avec les copains jusqu'à un fort situé à 600 mètres d'altitude, un peu d'exercice, ça ne fait pas de mal ! Quelques jours plus tard nous louons une voiture pour visiter l'île, au programme : les maisons de Napoléon lors de son exil. Nous avons la chance de rencontrer le vice-consul Français qui nous donne beaucoup d'explications sur le premier séjour de l'Empereur au pavillon Briars. Puis nous voyons son tombeau, très bien entretenu et fleuri, dans le haut d'une vallée très arborisée avant que ses cendres n'aient été rapatriées aux Invalides. Puis nous, allons à Longwood, sa seconde et dernière résidence où nous profitons à nouveau d'une visite guidée. JP achète un livre à la boutique de souvenirs narrant les chroniques de l'ile à l'époque de Napoléon. Nous passons par la vallée de Sandy Bay et sa plage au sable noir trop dangereuse pour s'y baigner. Nous changeons deux fois de place, car nous sommes amarrés sur des bouées, et avançons vers la première rangée de bouées nous rapprochant de la ville de Jamestown et nous permettant de nous amarrer tête et cul pour être perpendiculaire à la houle. Certaines journées nous paraissent longues mais nous commençons à avoir notre routine en déjeunant par exemple régulièrement dans un resto où les navigateurs se rejoignent, le "Anne's place" ou en dinant tous les mercredis soirs sur le catamaran de 50 pieds très spacieux de Jem. Nous appelons toutes les semaines les enfants pour avoir des nouvelles et suivre l'évolution de la crise sanitaire. Un dimanche, nous allons jouer au basket-ball américain et nous passons un très bon moment avec les copains. Nous renouvèlerons l'expérience du basket-ball américain plusieurs fois à notre plus grand plaisir. Un autre jour, nous nous retrouvons tous sur un autre catamaran nommé "Moyo" et nous allons faire tous les navigants ensemble un barbecue géant de langoustes dans un endroit magnifique, la Lemon Valley, encore un très bon moment.


Au quotidien, la nourriture de base commence à manquer (plus de beurre ni de lait), car le cargo de ravitaillement ne peut rejoindre Capetown, confinement oblige. JP prend RDV à l'hôpital pour un mal de dent, il sera sous antibio pendant 5 jours. Après quelques jours de repos, JP remonte encore trois fois au mât, une fois pour finir la remise en ordre de la barre de flèche, et deux fois pour remettre en place la boite à réa du génois qui était tombée entre Le Cap et Ste Hélène et pour laquelle nous avons fait fabriqué des pièces sur place dans l'ile, cela nous occupe deux journées entières. Nous renouvelons notre visa après un mois et demi à Sainte-Hélène. Nous louons de nouveau une voiture et visitons l'autre bout de l'île : High Hill, une balade en forêt, une station météo avec son ballon sonde et Cow's Battery censé empêcher les Français de venir récupérer leur empereur.


21 mai : journée nationale de Sainte-Hélène (le jour où les Portugais ont découvert l'île en 1502), une régate est organisée avec 7 autres bateaux monocoques et 2 catamarans, tous plus grands que nous, mini 40 pieds, évidemment, JP le prend très au sérieux ! Nous accueillons le couple franco-thaïlandais à bord de Rayon Vert pour cette occasion. Nous sommes assez fiers de notre performance, avec notre 35 pieds, nous avons mis une bonne pilée à tous nos amis anglosaxons ! preuve sans compter que notre fier destrier est rapide !!


Le cargo de ravitaillement arrive enfin avec des œufs, du beurre et du lait notamment, mais il n'y a toujours pas grand chose dans les magasins. Nous arrivons également à faire le plein des bouteilles de gaz après quelques essais infructueux. Nous fêtons également les 60 ans de Anne le 28 mai et nous faisons à cette occasion un gros gâteau à la banane avec "Moyo". Le temps se couvre, nous mettons en route le moteur une journée pour recharger les batteries, c'est signe qu'il va être temps de trouver une solution, c'est la fin de l'automne.


Nous nous renseignons sur les différentes possibilités pour la suite du voyage mais les options sont minces : les Caraïbes ne sont pas possibles pour nous car nous ne sommes pas assurés durant la saison cyclonique, et la Guyane française pourrait être envisagée mais le bateau resterait sur une bouée dans une rivière pendant 4 mois, ce qui n'enchante pas JP. Le Brésil semble être la seule option viable entre les marinas de Salvador de Bahia ou la marina de Jacaré à Joao de Pessoa. Cette dernière nous écrit qu'il est possible d'y aller sous réserve d'avoir un billet d'avion pour sortir du pays très rapidement après l'arrivée. Bingo c'est la bonne option. Nous préparons alors le départ début juin et faisons un réassort en nourriture et vivres fraiches... Une vrai mission pour trouver toutes les denrées alimentaires dont nous avons besoin, les shops sont peu approvisionnés et pas de la même manière. Miracle, nous tombons sur un camion de fruits et légumes que nous dévalisons. Le plein de courses et le rangement faits, nous sommes prêts à partir pour rejoindre le Brésil.


Même si la crise sanitaire a considérablement modifié nos plans, nous avons passé un agréable séjour de confinement sur l'île de Sainte-Hélène avec de belles rencontres, et des bons moments passés ensemble. Heureusement, aucun cas avéré de Covid n'a été recensé sur cette petite île historique où nous avons médité les paroles d'un ancien exilé : "Le temps est le grand art de l'homme"...


 




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